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À l’âge classique, écrire sur soi, quand on n’est pas un noble héros de guerre ou un saint, n’a rien d’évident – cela l’est encore moins quand on est une femme. Se publier comme auteur suppose une autorité préalable. Alors comment expliquer la floraison, dès la fin du 17e siècle, de romans à la première personne dont la narratrice-écrivante est une femme ? Comment comprendre que les romanciers et les romancières choisissent délibérément cette situation d’énonciation fragile et paradoxale ? Le succès de scandale rencontré par certains mémoires féminins authentiques, tels que ceux des sœurs Mancini, ne suffit pas à rendre compte de la multiplication des mémoires de comtesses ou de marquises fictives, ni celles de quasi-anonymes voire de marginales revendiquées. De même, on ne peut réduire les nombreuses épistolières de romans, de la marquise de M*** de Crébillon à la Merteuil de Laclos ou à la Julie de Rousseau, à la publication, au début du siècle, des lettres de Mme de Sévigné, non plus qu’au modèle antique des Héroïdes. La gageure représentée par l’écriture au féminin est bien résumée par les Lettres d’une Péruvienne : Mme de Graffigny surenchérit pour ainsi dire sur la question adressée aux héros de Montesquieu, se demandant non seulement « Comment peut-on être Persan ? », mais comment peut-on être « Péruvienne » et autrice. L’incongruité de ces voix féminines reflète bien le statut du roman en mal de légitimité et permet toutes sortes d’expérimentations thématiques et formelles qui légitiment progressivement le fait de dire « je ».
En mettant en regard les pratiques féminines d’écriture de soi réelles et fictives, on s’interrogera sur la fonction de cette ruse rhétorique que représente, dans un moment crucial de l’histoire de l’écriture à la première personne, le choix d’une fiction au féminin.
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