Sous la forme de plusieurs séminaires, ce cours invite à réfléchir au sujet du dialogue et de l’articulation existants entre la littérature brésilienne contemporaine et les littératures Caribéenne, Nord-Américaine et Sud-Américaine. Le point commun entre ces traditions littéraires est qu’elles se singularisent toutes par la réécriture de l’histoire coloniale et des mythes fondateurs, s’emparant ainsi des grandes problématiques identitaires, sociales et politiques des sociétés contemporaines. Dans cette perspective, nous aborderons des textes, essais, nouvelles et fictions à partir d’une approche critique qui envisage la littérature comme espace dialogique.

Le 1°séminaire, intitulé « Les retournés en Afrique » propose de présenter la question des retournés en Afrique au XIXème siècle à partir de deux romans : Ségou, de Maryse Condé et A casa da água (La maison d’eau) de Antônio Olinto. Comme l’avance Edouard Glissant, le retour est le désir des transplantés, mais il est souvent difficile car les sujets sont déjà créolisés et métissés. Cours en français. Enseignante : Eurídice Figueiredo (UFF). Lundi 25 septembre 2023.

Le 2° séminaire, s’intitule « Crisis y identidad ». L’Amérique Latine est un substantif pluriel qui apporte dans son essence des complexités et des conflits. Nous sommes une pluralité de langues, d’ethnies, de cultures et de nations qui, sans aucun doute et malgré l’hétérogénéité, ont un passé colonial et des moments d’histoire culturelle assez similaires. Dans cette totalité très différente cohabitent des histoires marquées par des temporalités multiples, des oralités d’origines différentes, des cultures éclairées de différentes influences européennes, des substrats indigènes et africains, des inégalités sociales et identitaires, d’innombrables langues et formes dialectales et, paradoxalement, une dynamique culturelle qui convergent dans la même direction. Cours en espagnol. Enseignante : Lívia Reis (UFF). Lundi 02 octobre 2023.

Le 3° séminaire est intitulé « Restos e cenas de Carnaval ». A partir des formulations théoriques de Julio Cortázar et Ricardo Piglia, ce séminaire propose la lecture de Restos de Carnaval (1971), de Clarice Lispector et Terça-feira gorda (1982), de Caio Fernando Abreu, deux nouvelles classiques brésiliennes, en prenant comme axe de recherche et de réflexion les questions du corps, de l’érotisme et de la violence. Cours en portugais. Enseignante : Stefania Chiarelli (UFF). Lundi 09 octobre 2023.

Le 4°séminaire, s’intitule « La France ou la patrie ? Dilemmes du Modernisme brésilien dans les lettres des années 20 ». Dans sa première lettre à Carlos Drummond de Andrade (10/11/1924), Mário de Andrade écrit : « tu as une intelligence remarquable et déjà bien meublée… à la française ». Drummond lui expose, dans sa réponse, le dilemme qu’il n’est pas le seul à avoir : se sentir obligé de faire preuve, dans son œuvre, d’un nationalisme qu’il voyait à la fois comme nécessaire et douteux. Le tout, sous le couvert d’une francophilie affichée qui, de fait, renvoie plus à Paris qu’à la France comme un tout : Je ne suis pas encore assez Brésilien. Mais, parfois, je me demande si ça vaut la peine de l’être. Personnellement, je trouve déplorable cette histoire de naître au milieu de paysages incultes et sous des cieux peu civilisés. Je porte en bien médiocre estime le panorama brésilien. Je suis un mauvais citoyen, je l’avoue. C’est que je suis né à Minas, alors que j’aurais dû naître à Paris (n’y vois pas de cabotinage de ma part, je t’en prie !). Dans ce séminaire, il sera question d’explorer les influences française et européenne dans les lettres des années 20, de Carlos Drummond de Andrade, Mario de Andrade et Manuel Bandeira, en portant une attention particulière sur les imaginaires construits sur les notions d’« ici » (Minas, São Paulo, Rio, Brésil, Amérique Latine) et d’« ailleurs » (France, Europe), dans la parole qui circule entre et à travers ces auteurs. Il s’agira en outre de tenter d’apporter des réponses possibles à la question : « Au sein de ces dialogues interculturels, quels mots, quelles images émergent ainsi de ces différentes représentations de l’ici et de l’ailleurs ? ». Cours en français. Enseignant : José Luis Jobim (UFF). Lundi 16 octobre 2023.
Le cours “migrations et frontières” portera sur les dynamiques contemporaines des migrations internationales en Amérique latine et ses conséquences socio-territoriales, démographiques et culturelles. Il sera dispensé en espagnol. Il est divisé en trois parties, à charge des enseignants suivants:
1. Vincent Gouëset (6h)
L’évolution des principaux champs migratoires en Amérique latine depuis le “tournant” de la seconde moitié du 20° siècle jusqu’en 2022. Approche mondiale et régionale. Flux et tensions frontalières entre le Mexique et les États-Unis. L’émigration des pays d’Amérique centrale vers le Mexique et les États-Unis. Les dynamiques migratoires en Amérique du sud (zones de départ et zones d’arrivée). La crise migratoire du Venezuela. Le lien entre migrations et développement.
2. Pascal Sebille (6h)
En sciences sociales, le phénomène des migrations est abordé sous de multiples angles théoriques et méthodologiques, révélant la complexité de son appréhension, mais aussi la richesse de ses manifestations et des mécanismes qui y sont associés. Les États-Unis et le Mexique se révèlent être deux formidables laboratoires pour comprendre ces dynamiques migratoires. En s’appuyant sur les principaux cadres théoriques et des exemples d’études empiriques, nous interrogerons le concept de migration et aborderons les facteurs explicatifs des migrations internationales et internes de ces deux pays de l’aire des Amériques.”
3. Nathalie Ludec (6h)
La participation des femmes aux migrations en Amérique latine (49,9%) sera abordée selon une approche socio-politique et démographique, qui permettra de souligner la diversité des formes migratoires, depuis les migrations internes (des zones rurales vers la ville de Mexico), régionales (au sein de l’Amérique du nord et du sud), en passant par les migrations internationales (vers l’Europe). La perspective de genre éclaire l’organisation des flux migratoires et de la vie quotidienne des migrantes, en repensant les rapports de pouvoir, selon une perspective intersectionnelle, au sein des activités économiques. L’image de l’homme seul, migrant pour des raisons économiques ou politiques s’efface devant celle d’une émigration féminine dont nous ébaucherons les représentations.