Ce séminaire propose une initiation aux questionnements relevant des cultural studies (études culturelles), qu’on définira ainsi : « Il s’agit de considérer la culture au sens large, anthropologique, de basculer d’une réflexion centrée sur le lien culture-nation à une approche de la culture des groupes sociaux. Si elle demeure fixée sur une dimension politique, la question centrale est alors de comprendre en quoi la culture d’un groupe, et d’abord celle des classes populaires, fonctionne comme contestation de l’ordre social ou à l’inverse comme mode d’adhésion aux rapports de pouvoir » (Mattelart Armand, Neveu Érik, « Introduction », dans Érik Neveu (éd.), Introduction aux Cultural Studies. Paris, La Découverte, « Repères », 2008, p. 4). Après une séance introductive, nous proposons d’aborder la méthodologie des cultural studies à partir d’un exemple spécifique : les fictions de passing.
Dans son ouvrage The Souls of Black Folks paru en 1903 (Les Âmes du peuple noir, traduction de Magali Bessone), le sociologue américain W.E.B DuBois affirme que « le problème du xxe siècle est le problème de la ligne de partage des couleurs » : il pointe du doigt la « conscience dédoublée » du « Noir américain », à la fois Noir et Américain, constamment habité par « le sentiment […] de se regarder par les yeux d’un autre ». Quelques années plus tard, en 1929, l’autrice américaine Nella Larsen fait paraître Passing (Clair-obscur, traduction de Guillaume Villeneuve), un roman narrant les retrouvailles de deux amies, Clare et Irene, toutes deux métisses et pouvant passer pour blanches en société ; Clare, dont l’époux est raciste, ne lui a jamais révélé ses origines noires. Cette fiction interroge le franchissement de cette « ligne de partage des couleurs » qu’évoquait W.E.B. DuBois, et attire le regard sur un ensemble d’oeuvres romanesques reposant sur des enjeux similaires (passing de race, passing de genre, passing social…), que ce séminaire se donne pour objet d’étudier. Ce faisant, nous interrogerons la dimension sociale et politique de ces fictions, notamment à l’aune des luttes sociales et politiques actuelles.
Dans son ouvrage The Souls of Black Folks paru en 1903 (Les Âmes du peuple noir, traduction de Magali Bessone), le sociologue américain W.E.B DuBois affirme que « le problème du xxe siècle est le problème de la ligne de partage des couleurs » : il pointe du doigt la « conscience dédoublée » du « Noir américain », à la fois Noir et Américain, constamment habité par « le sentiment […] de se regarder par les yeux d’un autre ». Quelques années plus tard, en 1929, l’autrice américaine Nella Larsen fait paraître Passing (Clair-obscur, traduction de Guillaume Villeneuve), un roman narrant les retrouvailles de deux amies, Clare et Irene, toutes deux métisses et pouvant passer pour blanches en société ; Clare, dont l’époux est raciste, ne lui a jamais révélé ses origines noires. Cette fiction interroge le franchissement de cette « ligne de partage des couleurs » qu’évoquait W.E.B. DuBois, et attire le regard sur un ensemble d’oeuvres romanesques reposant sur des enjeux similaires (passing de race, passing de genre, passing social…), que ce séminaire se donne pour objet d’étudier. Ce faisant, nous interrogerons la dimension sociale et politique de ces fictions, notamment à l’aune des luttes sociales et politiques actuelles.
- Enseignant: Gaelle Debeaux