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« Être gouverné », écrivait Proudhon en 1851, « c’est être gardé à vue, inspecté, espionné, dirigé, légiféré, réglementé, parqué, endoctriné, prêché, contrôlé, estimé, […], censuré, commandé, par des êtres qui n’en ont ni le titre, ni la science, ni la vertu ». Celui que l’on désigne souvent comme le père de l’anarchisme se garde bien d’ajouter qu’être gouverné, c’est aussi, éventuellement, être protégé, secouru, instruit ou promu. La manière dont il formule sa critique de l’État n’en est pas moins précieuse. Proudhon délaisse en effet l’analyse institutionnelle et porte sa réflexion sur les effets concrets des pratiques de l’État dans la vie des citoyens ordinaires, « noté[s], enregistré[s], recensé[s], tarifé[s] » pour reprendre le fil, encore incomplet, de son long inventaire. Sur le même modèle, ce cours examinera la croissance de l’État – fait majeur dans l’histoire de l’Europe au XIXe siècle – à partir des interactions concrètes de celui-ci avec les populations du continent et de la présence de ses agents dans la vie quotidienne des Européens. Et l’on verra que ces serviteurs de l’État furent les premiers à être gouvernés au sens de Proudhon, c’est-à-dire à devoir adopter un certain comportement conforme à leur statut.
Bibliographie indicative : B. KAFKA, Le démon de l’écriture. Pouvoirs et limites de la paperasse, Zones sensibles, 2013 ; L. RAPHAEL, Recht und Ordnung. Herrschaft durch Verwaltung im 19. Jahrhundert, Fischer, 2000 ; P. ROSANVALLON, L’État en France de 1789 à nos jours, Le Seuil, 1990 ; C. TILLY (ed.), The Formation of National States in Western Europe, Princeton University Press, 1975.
Enseignant : P. Karila-Cohen
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