Osion ääriviiva

    • La Naissance de la tragédie (1872) est un ouvrage plus philosophique que philologique. Il s'oppose à la conception «classique» de la Grèce antique de Winckelmann, Goethe, Schiller et même Hegel pour qui le «miracle grec», miracle de mesure et d'équilibre est exclusivement apollinien. En réintroduisant dans la tragédie Dionysos — que la famille classique évoquée ci-dessus cherche à conjurer —, Nietzsche change le sens de la tragédie. Pour lui, elle n'est plus le châtiment de celui qui a commis la faute de choisir la démesure et le déséquilibre, mais l'annonce que l'humain contient une tension vers le surhumain. 

    • La Naissance de la tragédie s'oppose également à la conception «romantique» de la vie de Schopenhauer. Le pessimisme tragique de Schopenhauer repose sur l'idée que la vie est absurde.

    • Ce que contient en fait La Naissance de la tragédie, c'est une philosophie de la vie, une philosophie qui voit dans la Grèce archaïque d'avant Platon et Socrate, dans la Grèce d'Eschyle, l'affirmation d'une grande santé apollinienne et dionysienne à laquelle Socrate est le premier à s'opposer en présentant cette vie apollinienne et dionysienne comme une maladie. Ce geste fait de lui le premier des nihilistes...

    • Ce fichier contient des liens vers deux ouvrages théoriques de Richard Wagner importants pour comprendre son rapport à la tragédie :

      - Richard Wagner, L’Art et la révolution (1849), trad. Jacques Mesnil, Bruxelles, Bibliothèque des « Temps nouveaux », 1898. 

      - Richard Wagner, Opéra et drame (1851), dans Œuvres en prose, tome 5, trad. Jacques-Olivier Prod’homme, Paris, Delagrave, 1913.

    • Le cœur de la vie telle qu'elle correspond à la « grande santé » des Grecs contemporains de la naissance de la tragédie bat au rythme binaire d'une diastole qui est Apollon et d'une systole qui est Dionysos. Quel est le rapport de cette vie rythmée, de ce rythme vital avec l'éternel retour, le « concept fondamental » de Zarathoustra ? La doctrine de l'éternel retour est-elle une explication physique du monde ? Parle-t-elle du rapport de l'homme à la vie, une vie qu'il aimerait tellement (bien qu'elle soit un fardeau [Kant], bien qu'elle soit absurde [Schopenhauer]) qu'il serait prêt à la revivre indéfiniment ? Est-elle une invitation à regarder chaque instant qui compose l'éternité comme un instant parfait et accompli ? 

    • Après avoir parlé du rapport de Nietzsche à la grande santé des Grecs contemporains de l'époque de la naissance de la tragédie, revenons en 1872 et essayons d'apprécier la place qu'occupent Schopenhauer et Wagner dans « La Naissance de la tragédie ». La métaphysique de Schopenhauer (Volonté/représentation) y sert à penser le rapport entre musique orchestrale et drame scénique dans l'opéra wagnérien. La Volonté (Dionysos) devient visible comme représentation (Apollon). Wagner est bien plus important que Schopenhauer pour le Nietzsche de « La Naissance de la tragédie »...