Ce cours, conçu comme un atelier, propose une introduction à la lecture sociocritique des œuvres. Lecture de la socialité et de l’historicité, la sociocritique envisage comment l’œuvre porte sa date, qu’elle l’affiche ou la dénie, et comment elle est traversée d’un discours social qu’elle reconfigure et questionne. Elle analyse comment l’œuvre fait société, dans tous les sens possibles de l’expression.
Le cours présentera la démarche et les notions essentielles de la sociocritique à partir de la lecture concrète de quelques articles qui ont marqué son histoire, depuis les textes fondateurs de Claude Duchet jusqu’à l’actualité critique récente. Cette présentation alternera avec des études de cas sur des corpus empruntés pour l’essentiel à la littérature du XIXe siècle.
La littérature et l’exemplaire à l’épreuve de la modernité

Après avoir mis au clair la notion d’exemplarité littéraire, le cours débattra des conditions de survie d’une littérature exemplaire dans une modernité (XIX-XXe) qui, avec Baudelaire, proclame que « la poésie ne peut pas, sous peine de mort, s’assimiler à la science ou à la morale ». L’abandon du paradigme de l’imitation et celui du régime d’historicité fondé sur la répétition du même, la mise en crise de l’autorité de la langue permettent-elles encore à la littérature de proposer des exemples de vie et des modèles de pensée ? Sur quelles valeurs et par quels biais littéraires cette exemplarité a-t-elle pu se maintenir au cours du XXe siècle et revenir au premier plan des discours sur la littérature contemporaine ? Dans quelle mesure serait-il envisageable de proposer une exemplarité de l’inexemplaire ? Ce sont des questions de cet ordre qui sous-tendront la réflexion.
Ce cours fournit aux étudiants de Master 1 les méthodes nécessaires pour mener à bien leurs mémoires de recherche. Conçu librement pour répondre directement à leurs besoins et attentes, il envisagera successivement ces différents enjeux : la recherche documentaire ; la formulation de la problématique et l’établissement d’un corpus de recherche ; la rédaction et la composition du mémoire ; les normes de présentation, et en particulier celles des références bibliographiques, etc.
Poétique des genres littéraires

Enseignantes: Sophie Van der Meeren (première partie du semestre)/Judith Rohman (seconde partie)

Vous trouverez ici les informations et les ressources du cours de Sophie Van der Meeren
Cela fait désormais plusieurs décennies que l’approche historique et poétique des faits de traduction constitue un des champs de recherche les plus dynamiques en littérature générale et comparée. La traduction littéraire, souvent suspectée d’altérer le sens, la portée ou la qualité esthétique du texte original, se pense en effet tout autant sous un angle poétique que selon des enjeux philosophiques et politiques, selon une nécessité humaniste de faire accueil, dans la langue d’arrivée, à l’altérité de l’étranger. On envisagera ce champ d’exploration privilégié de l’histoire littéraire, et plus largement de l’histoire des idées, à travers l’étude de cas variés et des discours, traversés de polémiques, associés à ces publications (importance de la traduction dans l’émergence de la notion de littérature universelle, diffusion des théâtres européens sur les scènes françaises, enjeux poétiques de la traduction de la Bible, rôle diplomatique confié à la traduction en temps de crise et dans la persistance de l’idée d’Europe des Lettres, interférences littéraires dans les traductions de la psychanalyse, etc.). Les textes étudiés en classe seront distribués sous forme de polycopiés.
Ce cours, qui emprunte son titre au vingtième congrès de l’Association internationale de littérature comparée, introduira aux définitions et surtout aux enjeux de la littérature comparée : nous nous demanderons quelle « approche critique » ouvre la comparaison sur la littérature et les arts et comment mettre à l’épreuve cette démarche d’analyse, ses visées mais aussi ses impensés.
« La littérature face à la prolifération des images (XIXe-début du XXe siècle) »
Ce cours proposera un aperçu des rapports d’admiration et de complémentarité, mais aussi de rivalité qu’ont entretenus, au sein de la longue tradition de la comparaison des arts, la littérature et l’image. Après la remise en cause du célèbre paradigme ut pictura poesis au XVIIIe siècle, l’évolution complexe du statut de l’image au XIXe siècle, où l’invention de la photographie puis du cinéma contribue à révolutionner les pratiques de la peinture, de la gravure et du dessin, n’a pas manqué d’affecter la littérature. Nous envisagerons ainsi quelques enjeux des relations entre littérature et image durant cette période où l’image affirme peu à peu une hégémonie qui lui est parfois contestée : la place mouvante des arts visuels et de la littérature dans la hiérarchie des arts ; les implications sociologiques et politiques de la prolifération des images urbaines ; le genre de la critique d’art et la définition du romantisme et de la modernité selon Baudelaire ; l’esthétique des livres illustrés, la vogue de la bibliophilie, et le renouveau de l’édition qu’implique ce succès sans précédent des images ; l’évolution des portraits des écrivains dans la peinture, la photographie et la caricature ; la pratique du dessin par les écrivains ; la pratique de l’écriture chez les peintres et les photographes ; l’évocation de la peinture dans le roman ; la représentation de la concurrence entre littérature et image dans les calligrammes ou les procédés du montage et du collage, etc.
« Le festival Transversales »
Ce séminaire propose aux étudiant·es de participer à la préparation, la gestion et l’organisation concrète d’un festival littéraire et artistique porté depuis plus de 10 ans par le département Lettres de l’université Rennes 2, le festival Transversales. Il s’agit, à travers un séminaire de deux heures par semaine associé à des temps de travail en petits groupes, de s’approprier la thématique du festival, et de préparer les différents événements au programme : rencontres avec des artistes et des écrivain·es, tables rondes avec des spécialistes du sujet et des professionnel·les, conférences, ateliers, projections cinématographiques, lectures, expositions, podcast, rédaction d’articles sur le site du festival, etc.
L’édition 2024 du festival Transversales, qui aura lieu du 22 au 30 novembre, est intitulée « Rives, dérives » : il s’agira de s’intéresser à la mer et à l’océan, aux imaginaires qu’ils suscitent, aux questions qu’ils soulèvent. Le rapport à la mer est fait d’interfaces, qu’il s’agisse de contempler les flots depuis le rivage, de voguer à sa surface en affrontant vagues et tempêtes, ou de se plonger dans ses « gouffres amers », comme le dit le poète. Mais l’océan, c’est aussi le témoin de ce que l’on fait subir au monde qui nous entoure : le littoral comme les fonds marins soulèvent des enjeux écologiques de préservation qui se teintent d’une couleur politique. C’est à la croisée de ces approches poétique et politique que se placera cette édition, en mettant en lumière la richesse d’un imaginaire (fantastique, de la bête des profondeurs à la sirène, mais aussi réaliste, du pirate au marin-pêcheur) ainsi que l’acuité des débats que nos interactions avec la mer suscitent (du tourisme à la surpêche).
Les étudiant·es participant au module sont invité·es à prendre part à son organisation, selon leurs compétences et leurs envies, depuis un soutien logistique jusqu'à la modération des rencontres. Le festival s'accompagne d'un site internet sur lequel les étudiant·es sont invité·es à publier des articles en lien avec la thématique du festival : https://transversales.hypotheses.org/
Module "Réécritures et adaptations des textes arthuriens et farcesques aux XXe et XXIe siècles"
Enseignante: Fabienne POMEL

Module "Réécritures et adaptations dantesques aux XXe et XXIe siècles"
Enseignante : Claudia ZUDINI



La crise de l’autorité de l’auteur au fil du XXe siècle et dans la période contemporaine a conduit à une paradoxale « résurrection » de l’auteur (après sa mort annoncée dans la critique littérature à la fin des années 60), dans des oeuvres en prose (romans de l’écrivain, récit-témoignage, autofiction et biofictions…), dans la poésie (résurgence du lyrisme en France après 1980) mais aussi, parfois, aux frontières de la réalité (supposition d’auteur et hétéronymie). Ces créations sont porteuses d’une pensée de l’auteur que nous explorerons à partir d’une série de textes précis. Ce cours s’attachera à prendre la dimension d’un atelier articulant les lectures littéraires et la réflexion critique à un geste créatif à travers l’invention de personnages d’auteur : comment donner épaisseur d'existence à un être de papier ? comment conférer à un personnage qui s’exprime dans le texte une autorité auctoriale ?
Support pour la première partie du cours de droit de l'édition
« Théories du langage dans la poésie du XXe siècle : dialogues, appropriations, transformations »

« La philosophie, on ne devrait l’écrire qu’en poèmes », écrivait Ludwig Wittgenstein (Remarques mêlées, 1977). De nombreux philosophes, linguistes et théoriciens littéraires du XXe siècle, de Martin Heidegger à Roman Jakobson et Julia Kristeva, accordaient une attention particulière à la poésie et au « langage poétique », considéré comme un travail sur la langue qui permet de révéler son essence. Notre cours, cependant, étudiera le dialogue inverse : celui que la poésie française – mais également russe et nord-américaine – mène avec les champs de savoir qui prennent en charge le phénomène du langage. Du dialogue critique avec Kant à la diffusion de la pensée de Saussure et de Wittgenstein après 1945, des références intellectuelles extra-littéraires aident les poètes à penser leur propre médium. Irréductible à de simples « influences » ou « emprunts », le transfert des savoirs qui s’opère dans ce dialogue implique une véritable transformation des idées et concepts initiaux, reflétant la complexité des interactions entre la philosophie, la linguistique et la littérature.
Rencontrer l’autre : déchiffrer le corps social et amoureux dans la littérature du XVIIIe siècle.
Dans le cadre de ce séminaire de recherche, il s’agira d’examiner différentes modalités du contact et de la rencontre avec l’autre dans la littérature du XVIIIe siècle en croisant les perspectives de la narratologie, de la poétique, de la sociologie et de l’histoire sociale. Le travail du séminaire consistera à décrire la séquence de la rencontre et à examiner ses variations et leurs significations. On sera particulièrement attentif à la manière dont les textes du XVIIIe siècle se montrent “hypersensibles” (notion qui devra être justifiée et élaborée) aux signes non verbaux et infraverbaux activés par la séquence narrative de la rencontre avec l’autre et par le déchiffrement des signes non verbaux qu’elle met en œuvre. Nous étudierons la manière dont les auteurs rendent compte de l’intense travail de déchiffrement des signes auquel se livrent les protagonistes des récits ou des pièces étudiés et auxquels le lecteur est invité à participer : corps, distances, gestes, visages, soupirs, signes de vieillissement, maquillage, vêtements, tous les éléments de l’apparence font sens dans le monde social pour qui sait percevoir et déchiffrer les signes.
Des extraits seront distribués en cours au fil du semestre (textes de Montesquieu, Lahontan, Robert Challe, Pierre de Marivaux, Claude Crébillon, Denis Diderot, Jean-Jacques Rousseau, Giacomo Casanova).
Lectures complètes conseillées : Les Illustres Françaises [1713] de Robert Challe, Les Egarements du cœur et de l’esprit [1738] de Crébillon fils.
Ces documents mis à la disposition des étudiants de Rennes 2 inscrits en master MEEF 1 de Lettres, contribuent à une initiation à la recherche en didactique de la littérature.